Adapter l’organisation des équipes au travail hybride, répondre aux nouvelles attentes en matière d’autonomie et de sens, prendre en compte l’aspiration à un meilleur équilibre vie personnelle / vie professionnelle : autant de défis à relever pour les managers. Le travail de son côté, s’il peut être bénéfique pour notre bien-être (renforcement du sentiment d’appartenance, d’estime de soi, etc.), peut à l’inverse impacter négativement la santé mentale des collaborateurs. Or, cette santé mentale au travail constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour les organisations et le leadership. De par ses effets sur la QVCT et son impact économique sur les entreprises. Le coût annuel des problèmes de santé mentale en France est estimé à 13 milliards d’euros !*

Entretien exclusif avec David Guillocheau, DG de Zest, sur l’importance de préserver la santé mentale et les bonnes pratiques à mettre en place par les managers

  La santé mentale, cela signifie quoi pour les organisations ?

Selon le Baromètre Absentéisme de Malakoff Humanis, les troubles psychologiques sont devenus en 2023 en France la première pathologie à l’origine des arrêts de travail de longue durée. Un phénomène qui ne se limite pas uniquement à notre pays. En 2022, l’OMS et l’OIT ont en effet estimé que 12 milliard de journées de travail avaient été perdues pour cause de dépression ou d’anxiété, occasionnant une perte de près de 1000 milliards de dollars pour l’économie mondiale (Mental Health at Work, World health organization & International labour organization). Des chiffres alarmants, qui montrent concrètement l’importance du chemin à parcourir côté entreprises pour prévenir et lutter contre la dégradation de la santé mentale des collaborateurs.

Quand on parle de santé mentale, il ne faut pas oublier que c’est une obligation légale. Elle incombe à l’employeur de “prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés” (Article L. 4121-1 du Code du travail). D’après la définition de l’OMS, la santé mentale est “l’état de bien-être dans lequel une personne réalise son propre potentiel, peut gérer les stress normaux de la vie, travailler de manière productive et fructueuse, et est capable de contribuer à sa communauté.”

Autrement dit, la santé mentale désigne la manière dont les employés se sentent, pensent et interagissent sur leur lieu de travail. Une santé mentale positive est caractérisée par une bonne estime de soi. Mais également une résilience émotionnelle, une motivation élevée et des relations interpersonnelles saines. C’est pourquoi les organisations, incarnées notamment par les managers, occupent un rôle clef pour garantir cet état de bien-être au travail. Et pour prévenir les situations problématiques. Aujourd’hui plus que jamais, l’humain est au coeur des préoccupations.

  Santé mentale au travail : quels sont les facteurs de risques psychosociaux (RPS) ?

De nombreuses situations favorisent le risque de dégradation de la santé mentale des collaborateurs en entreprise. Parmi lesquelles notamment :

  • Des exigences professionnelles excessives, des délais serrés et une charge de travail trop importante
  • Un manque d’autonomie et de contrôle sur son propre travail
  • Un déséquilibre vie professionnelle / vie personnelle
  • L’insécurité d’emploi, l’incertitude lié à l’emploi ou à son avenir
  • Un manque de clarté en matière de rôles et de responsabilités
  • Un manque de communication avec son équipe et les autres équipes, qui contribue à isoler les collaborateurs et à les priver de soutien
  • Le harcèlement et les discriminations au travail, qui peuvent elles aussi être vecteur d’une très importante détresse psychologique

  Concrètement, comment se traduit le rôle du manager vis-à-vis de ses équipes ?

Nous sommes intimement persuadés que les entreprises sont avant tout constituées de personnes dont il est essentiel de comprendre les besoins, aspirations et fragilités. En appréhendant chaque collaborateur dans toute sa complexité, nous créons un environnement favorable à l’épanouissement et à une bonne santé mentale. Le manager doit notamment porter une attention particulière à l’hyperconnexion de ses équipes. Un phénomène accentué par le travail hybride, et dont les conséquences se traduisent par : une baisse de la performance, et surtout un risque exacerbé de burn-out, des impacts sur la santé, etc. (sur ce sujet, voir la très complète étude menée par notre partenaire Lecko sur l’hyperconnexion auprès d’un panel de 20 000 utilisateurs).

  Quels sont les pré-requis à respecter ?

Traiter les collaborateurs de manière équitable est un élément clé pour préserver leur santé mentale. Cela passe entre autres par la promotion de la diversité et de l’inclusion. Ainsi que par la valorisation des compétences individuelles, et la mise à disposition d’opportunités de développement professionnel équitables. En veillant à ce que chaque collaborateur se sente respecté et valorisé, les organisations contribuent ainsi à créer un environnement sain, propice à une santé mentale positive.

  Quelles sont selon vous les actions efficaces à mettre en place pour prévenir les RPS et préserver la santé mentale des collaborateurs ?

« On améliore que ce que l’on mesure ». Premier pré-requis : la mesure est cruciale pour faire un état des lieux de l’existant et progresser. Il est essentiel de commencer par mener des enquêtes ou sondages, soit en ligne soit sous forme d’entretiens qualitatifs. Cela permet d’avoir une vision précise du niveau de bien-être ressenti. Cette mesure peut être mise en regard du niveau de sécurité psychologique des équipes, qui se traduit par leur liberté à exprimer leurs idées, proposer des actions novatrices, et surtout par le droit à l’erreur.

Par ailleurs, de nombreuses autres actions peuvent aider les entreprises et leurs managers à prévenir les risques et à améliorer efficacement la santé mentale des collaborateurs :

  • Équilibrer la charge de travail des équipes
  • Favoriser un environnement de travail flexible, en développant le télétravail ou via des horaires souples
  • Transformer la culture d’entreprise en une culture qui valorise le bien-être des employés, encourage la communication ouverte et soutient la diversité
  • Sensibiliser, former les talents et les managers aux RPS ou aux premiers secours en santé mentale (PSSM), pour les aider à détecter les signaux faibles
  • Mettre en place des formations ou activités pour soutenir les collaborateurs et les aider à gérer leur stress
  • Mettre en place des programmes d’aide et d’écoute pour faciliter l’accès à des experts en santé mentale
  • Encourager les collaborateurs confrontés à des situations qui menacent leur santé mentale à s’exprimer
  • Faire appel à la médecine du travail en cas de facteurs importants de risques psychosociaux détectés chez un collaborateur
  • Déployer des enquêtes spécifiques à la prévention des RPS pour faciliter l’identification des signaux faibles
  • Enfin, penser à inclure les collaborateurs dans les démarches et la construction du programme de prévention de l’entreprise

  Quelles bonnes pratiques observez-vous chez vos clients ?

L’écoute active joue un rôle clé dans la prise en compte de la santé mentale des collaborateurs. Pour encourager l’écoute active, nous préconisons la mise en place de rituels entre le manager et le managé :

  • Le lancement régulier d’enquêtes sur le bien-être au travail (une fois par an ou plus souvent), qui permet à chaque collaborateur de s’exprimer anonymement sur ses ressentis et ses besoins
  • Le lancement de Pulse surveys de façon beaucoup plus régulière, grâce auxquelles les discussions ouvertes sur les défis et opportunités rencontrés par chacun sont encouragées
  • Les entretiens individuels réguliers ou points 1:1, pour établir une communication franche et ouverte avec chaque collaborateur

Pour terminer, je souhaite rappeler que la santé mentale est une responsabilité partagée. Nous encourageons tous les membres des organisations à se soutenir mutuellement, à pratiquer l’écoute active, et à promouvoir une culture de la bienveillance. C’est ensemble que nous pouvons créer un environnement de travail permettant à chacun de s’épanouir et de réaliser son plein potentiel.

*Etude Deloitte

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